Le logement social façon Napoléon III

Je vous avais dit dans l’article sur la crypte de l’église Saint Pierre – Saint Paul que je vous reparlerais des secrets de Wazemmes: chose promise, chose due. La cité Napoléon vous en avez déjà entendu parler? Non? Et si je vous dis la cité philanthropique? Au cas où ça ne vous dit toujours rien, je vous dévoile ses secrets, venez je vous emmène (Stéphane B. sors de ce corps!)

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En plein cœur du quartier Wazemmes (que je ne vous présente plus), entre les rues Gantoise et Wazemmes, se trouve un ensemble de constructions qui interpelle par son aspect très symétrique et ses couleurs blanc/vert. Bon, pour être honnête, je suis tombée dessus par hasard (en allant au marché), mais je connaissais déjà son existence et une partie de son histoire. Si à présent cette cité se fond totalement dans le paysage, c’était une petite révolution à l’époque.

A l’origine, la cité portait le nom de « cité Napoléon » mais attention, il s’agit bien de Napoléon III et non pas de Napoléon Ier (Eh non, c’est pas Bonaparte!). A travers le décret de 1852, l’empereur veut étendre le modèle de la cité Napoléon de Paris pour les grandes villes manufacturières, or Lille correspond tout à fait à cette description (l’industrialisation, le textile.. tout ça tout ça).

L’objectif, selon le bureau de bienfaisance de Lille, est d' »assurer le bien-être et la moralisation des classes ouvrières et indigentes de Lille par la construction de logements sains, commodes et à prix réduits. » (on retiendra qu’apparemment pour eux, les gens pauvres sont immoraux) L’idée de logements sains est importante puisqu’à l’époque les courées, les cités et les cours (le nom diffère en fonction des villes: Lille/Roubaix…) sont des endroits où les ouvriers vivent entassés dans des conditions déplorables avec en général très peu de luminosité et peu d’accès à l’eau potable. Bref, il s’agit pour la plupart de logements insalubres.

C’est pourquoi l’architecte de la cité Napoléon, Vandenbergh va orienter son travail vers la recherche d’air, de lumière, d’hygiène, de salubrité, de commodité. Six pavillons séparés par des rues de 16m de largeur seront construits et les bâtiments sont reliés entre eux par des ponts voûtés (éléments qui ont aujourd’hui disparu). Chaque bâtiment pouvait accueillir jusqu’à 180 personnes ce qui faisait plus de 1000 personnes au total. D’ailleurs, certains notables lillois ne voient pas d’un très bon œil l’installation d’autant de personnes défavorisées et s’inquiètent du « respect de l’ordre public et de la bonne moralité des futurs locataires ». (Ben voyons!) Mais finalement, le projet est bel et bien mis en place, la construction débute en 1861. Le jeune architecte optera pour des matériaux modernes: le fer, le verre et la fonte.

La cité est rebaptisée « Cité Philanthropique » en 1884 et subit, en 1975, une restauration qui va la dénaturer complètement. Une seconde restauration, lui redonnera un peu de son charme ancien.

En effet, comme l’atteste l’article de Renaissance du Lille Ancien, les bâtiments ont été restaurés assez récemment. D’ailleurs dans le guide « Lille secret et insolite » (édition 2007) on voit sur les photos que la cité avait besoin d’un rafraîchissement: les ferronneries étaient rouillées et la pluie avait créé de vilaines traces de rouille sur les murs blancs.. bref pas très impérial. L’avis de l’association Renaissance du Lille Ancien est assez mitigé sur cette rénovation:

Heureusement, sous les bardages d’inox clinquants, on retrouve les éléments et décors de la construction originelle. On aurait pu espérer la restitution des galeries-corridors, des passerelles métalliques entre pavillons et du mur de clôture. Enfin, quelque chose qui fut à la hauteur de ce témoignage vivant de l’histoire du logement social, baptisée à ses origines Cité Napoléon.

La restauration, si incomplète selon l’association, a tout de même le mérite d’avoir redonné son lustre à cette construction, tellement liée à l’histoire industrielle de la ville.

La grande question est: mais qui habite à présent dans ces bâtiments chargés d’histoire? Eh bien la cité a été reconvertie en logements sociaux pour personnes âgés. On reste donc dans le social, l’idée de départ a été préservée.


Sources:

  • Lille secret et insolite, les mystères d’une insoumise, Eric Maitrot, photographie Sylvie Cary, Les Beaux-jours
  • Guide d’architecture de la Métropole Lilloise, Le passage, 2009
  • Renaissance du Lille Ancien, chroniques de restauration 2007-octobre, http://lille-ancien.com/

1 réflexion au sujet de « Le logement social façon Napoléon III »

  1. Bernie sort de ce corps ! Franchement Florence, tout le monde sait que les gens pauvres sont immoraux enfin, c’est évident 😉 Je suis un peu moins sensible au charme de ces logements je dois dire, même si la vocation sociale est plaisante (sous réserve des propos concernant les gens pauvres…).

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