Hier après-midi je suis allée pour la première fois à la maison folie de Moulins. Pour ceux qui ne connaissent pas les maisons folies, elles ont été créées à l’occasion de Lille 2004, capitale européenne de la culture. Deux existent à Lille, dans les quartiers de Moulins et de Wazemmes. On en trouve d’autres sur la métropole (à Lomme, Mons…) Structures d’un type nouveau, elles proposent un dialogue entre les artistes, les associations et les habitants de ces quartiers.
Comme l’explique la ville de Lille:
Ces équipements sont pluridisciplinaires et ont été notamment conçus pour pouvoir accompagner les artistes lors de résidences de création. Ces résidences peuvent notamment s’enrichir de la mise à disposition de logements : les artistes sont ainsi en contact direct avec la ville et le quartier.
Ce ne sont pas des temples sacrés de la culture : on y pratique autant l’expérimentation que la convivialité. De par leur nature, ce sont des lieux ouverts sur leur quartier comme sur le monde, dont le concept intéresse beaucoup d’observateurs extérieurs parce qu’il renouvelle la relation entre les habitants et les artistes.
Elles ont également le mérite d’avoir réhabilité des bâtiments issus du patrimoine ouvrier : ancienne brasserie pour Moulins, usine Leclercq pour Wazemmes. Mélange d’architecture régionale et de modernité, elles présentent un contraste intéressant entre briques et métal, qui personnellement, me plaît beaucoup.
Actuellement, les maisons folies de Wazemmes et de Moulins présentent des expositions en lien avec les villes thèmes de Renaissance: Rio à Wazemmes et Eindhoven à Moulins. Comme l’explique le mot de Martine Aubry dans l’Edito du programme, Eindhoven est une
cité terrassée par la fermeture de l’usine Philips qui a rebâti son excellence sur de nouveaux domaines économiques que sont le design et les nouvelles technologies.
Ce sont en effet ces thèmes (nouvelles technologies et design) qui ressortent dans les œuvres/projets exposés ainsi qu’une réflexion passé/présent. Quatre œuvres principales composent cette (petite) exposition:
-Mécaniques discursives, 2012, Fred Penelle & Yannick Jacquet (Belgique)
-Parallels, 2015, Nonotak Studio: Takami Nakamoto (Japon) & Noemi Schipfer (France)
-The Grotto, 2015, Bart Hess (Pays-Bas)
-Vitruvian Project, 2015, porté par EDF et designé par design percept
Avec Mécaniques discursives, le visiteur est face à un mur sur lequel sont collées et projetées des images, des objets. C’est une oeuvre déroutante qui questionne le temps qui passe en reprenant comme des mécanismes d’horlogerie. Cela semble être un mécanisme à la fois bien réglé et complètement anarchique. Quelques objets sont posés devant et sur le mur, il s’agit bien d’une oeuvre en 3D à la fois concrète (avec les objets et collages) et virtuelle (avec les projections).
Je suis restée plus longtemps devant cette oeuvre, déjà car elle est d’une taille assez conséquente et surtout elle m’a intriguée. Ce qui est appréciable, c’est que l’on peut s’approcher très près, remarquer des détails invisibles de loin (comme des traits et annotations au crayon de bois).
Parallels est une oeuvre audiovisuelle qui joue avec la lumière. Les visiteurs font d’ailleurs partie de l’oeuvre dans une certaine mesure car ils modifient les trajectoires de la lumière. Cette oeuvre joue sur les sens car on est plongé dans le noir face à des projecteurs, le tout baigné par une bande-son qui semble jouer avec la lumière et vice-versa.
L’installation de bart Hess, The Grotto, m’a beaucoup plu. Les visiteurs sont invités à se munir d’une lampe de poche à dynamo avant de rentrer dans cette fameuse grotte plongée dans la pénombre. Seules quelques lumières orangées au sol (et la lampe fournie) aident à se repérer dans l’espace. Des colonnes de tissu (sculptures en latex) structurent cette grotte, chacune différente, toutes en mouvement.
Personnellement, j’avais l’impression d’explorer une grotte à la lampe de poche à la découverte de stalactites (en même temps vu le titre c’est logique), c’était donc plutôt sympa.
Enfin la quatrième oeuvre est en fait un projet de vêtements collecteurs et producteurs d’énergie. Deux prototypes de vêtements sont présentés: une surchemise et une tunique. On est ici clairement dans la thématique des nouvelles technologies avec des textiles connectés (dans la lignée de l’expo textifood/futurotextiles au Musée d’histoire Naturelle).
Alors que j’ai d’habitude une préférence nette pour une ou plusieurs œuvres, c’est cette fois-ci plus difficile de choisir pour moi mais Mécaniques discursives et the Grotto sont probablement mes œuvres préférées.
Cette expo est située dans une partie de la maison Folie (bâtiment 2, à l’étage), d’autres espaces sont dédiés à la création, l’exposition et la dégustation. On trouve dans le premier bâtiment l’expo Meeus Van Dis et EDF concours Bas Carbone (je n’ai pas vu tout ça, c’était apparemment fermé), dans le bâtiment 2 est présenté l’expo dont je viens de vous parler ainsi qu’un fablab (« l’atelier des bricoleurs ») au rez-de-chaussée. Dans le bâtiment 3, c’est le showroom au 1er et le pop-up store au rdc et enfin, dans le bâtiment 4, c’est le restaurant/ pop-up cuisine.
Le fablab vous permet de bricoler et de réaliser des projets grâce aux machines mises à disposition (imprimante 3D, découpe laser, brodeuse, imprimante à UV etc.). Le showroom présente les prototypes réalisés tout au long de la semaine par les écoles d’art, de design et d’ingénieur de la Métropole. Le pop-up store, comme son nom l’indique est la partie boutique. Et le pop-up cuisine… le café/restaurant!
D’ailleurs, petit coup de cœur pour l’atmosphère qui se dégage de ce café restaurant: entre grandes tables, bancs recouverts de (fausses) peaux de bêtes, vieux sièges, sacs de cacahuètes et serveurs/chefs qui viennent des quatre coins d’Europe c’est très agréable de s’y poser pour siroter une bière ou une limonade fait maison. Tradition du lieu: on mange les cacahuètes et on jette la coque à terre. Bizarre? Non, funky!
Pour ce qui est des bémols, le premier est un petit: la taille réduite de l’exposition. Je pardonne cela facilement car c’est entièrement gratuit et ce n’est qu’une partie des choses à voir et activités proposées.
En revanche mon second bémol est plus gênant: le problème de signalétique. J’ai eu du mal à me repérer, voir où était la partie exposition, la partie showroom, quelles parties étaient ouvertes et accessibles ou non. Cela manque de panneaux d’indications et peut-être un peu de lumière (j’y suis allée en fin d’après-midi il faisait donc déjà presque noir). Dommage!
Je vous recommande toutefois d’aller explorer la maison folie, déjà pour découvrir le lieu en lui-même, ensuite pour voir l’expo, pour goûter à l’ambiance du restaurant et pourquoi pas tester l’une des activitées proposés!
Par exemple, ce week-end c’était « Faites de la récup », de nombreux ateliers étaient proposés pour créer à partir de matériaux de récupération. Pour le programme des événements c’est ici.
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