La nouvelle exposition du Palais des Beaux-arts a ouvert ses portes le 13 octobre. Cette rétrospective est consacrée au peintre Jean-François Millet et à ses influences sur la culture de la photographie et du cinéma aux Etats-Unis. A la base, ce n’est pas forcément la peinture réaliste qui m’attire le plus mais je trouve toujours intéressant d’étudier l’influence que peut avoir un artiste sur ses contemporains et c’est ce qui m’a donné envie d’aller la découvrir. Ca et le fait que je suis rarement déçue par une expo du Palais des Beaux-arts. Alors, conquise ou non?
Deux expositions, deux parties donc. La visite commence avec Millet USA qui est dans le couloir du sous-sol où l’on peut visionner des extraits de films qui s’inspirent en effet de l’esthétique des tableaux de l’artiste. Puis quand on se dirige vers la partie antiquités, on retrouve des photographies connues internationalement (Migrant Mother de Dorothea Lange par exemple). Il s’agit de la photographie sociale des années 1910-1930. Je ne vous montre pas les plus connus, ceux que j’ai pris en photo sont ceux qui m’ont paru le plus attendrissants ou touchants.
Au lieu de visiter cette partie avant l’expo Millet je l’ai visitée après, du coup je m’y suis moins attardée. Il n’y a d’ailleurs pas que ces deux parties vidéos et photos, mais je vous laisse découvrir ça par vous même.
J’étais absolument ravie de trouver une oeuvre de Banksy à l’entrée de la salle d’expo. Je l’avais entraperçue sur instagram (ou était-ce twitter?) et ça m’a également décidé à visiter cette rétrospective. J’aime beaucoup le décalage qu’il apporte au tableau, sa revisite des glaneuses. L’une d’elles s’échappe du tableau pour faire une pause, fuir un instant ce travail éreintant et ingrat. L’anachronisme de la cigarette fait sourire.
Millet, on connait alors pourquoi y aller?
Pour redécouvrir justement. Je pensais que je connaissais son oeuvre mais j’ai été agréablement surprise. En réalité, je n’avais vu que des reproductions de ses chefs-d’œuvres. Premièrement, une image numérique ne fera jamais justice à un tableau. Deuxièmement ce ne sont pas forcément les toiles que j’ai préférées. En fait celles qui m’ont le plus touchée sont celles qui représentent la relation parent/enfant (principalement mère/fille) ou celles pleines d’innocence de l’enfance. Il y a une fraîcheur et un côté attendrissant qui en ressort, c’est véritablement touchant.
Dans les dessins et les peintures de l’artiste, on sent un regard regard bienveillant, une volonté de représenter un quotidien, une vérité. Ces instants de tous les jours m’ont donné l’impression d’une halte dans le temps, on prend le temps de contempler sans se presser.
Ce qui m’a frappée dans l’oeuvre de Millet c’est la douceur, la sérénité, la tendresse qui se dégage de ces tableaux. Les couleurs chaudes qu’il utilise accentuent ce sentiment (sauf pour les portraits de sa femme qui meurt de tuberculose, là forcément on n’est pas dans les tons chauds). Les regards sont également intéressants: mélancoliques ou joueurs, ils sont en tout cas assez révélateurs de la personnalité du sujet peint.
Il y a une phrase du cartel (pour les enfants) du tableau l’Angélus qui résume à elle seule l’exposition Millet : « Ce tableau est l’un des plus connu au monde! Pourtant les personnages représentés et le sujet sont très simples: un couple de paysans arrête son travail pour faire la prière du soir en entendant les cloches sonner«
Et en effet Millet représente principalement des paysans, des gens de la campagne à la vie simple voire franchement pauvre, loin des personnages classes sociales et habituellements dépeint. Il leur donne un visage et les valorise à travers sa peinture.
L’expo est vraiment très riche, il y a un nombre d’œuvres incroyable et surtout ses plus grands chefs-d’œuvre sont là, je ne pensais pas qu’ils y seraient tous, donc déjà chapeau. En plus de ses tableaux on trouve un grand nombre de ses dessins.
Parfois les cartels n’apportent franchement pas grand chose, surtout quand le sujet du tableau est aussi évident mais là je ne les ai pas trouvés redondants. Ils reliaient les tableaux à la vie de l’artiste ce qui permettait de mettre l’oeuvre en perspective en plus de éléments de lecture apportés.
Mes petits bémols
Autant j’adore le rose, et la nuance utilisée est douce, très jolie, autant le contraste de cette couleur est trop faible avec le blanc des explications et ça fait parfois mal aux yeux. Comme l’a fait remarquer un couple de visiteurs à côté de moi, les cartels sont placés bien trop bas et on se brise le dos pour les lire du coup on les lit en diagonale alors qu’ils sont clairs et bien écrits, dommage!
La scénographie est tout ce qu’il y a de plus classique, c’est le grand écart entre une expo de ce type et celles des Open Museum. Les objectifs sont clairement différents puisqu’avec l’Open Musuem on est dans une appropriation du lieu et une réinterprétation des collections, un dialogue avec d’autres formes d’arts. Mais c’est justement ce dialogue qui m’a manqué ici. Ce que j’aime dans l’Open Museum c’est sa franche modernitée que je n’ai pas retrouvé dans l’expo Millet. On partait pourtant bien avec une oeuvre de Banksy à l’entrée.
J’aurais bien aimé que les deux expos (Millet et Millet USA) soient présentées ensemble, afin qu’on puisse réellement les comparer, ça aurait pu être très ludique. Après, il est vrai que les deux points de vue se défendent puisqu’avec le nombre d’œuvres, ça aurait fait serré serré et les œuvres aurait pu risquer d’être moins mises en valeur.
Malgré ces bémols j’ai passé un bon moment et je vous la recommande franchement. Vous avez jusqu’au 22 janvier pour admirer ces chefs-d’œuvre.