Au détour d’une promenade avec une amie, du parc Jean-Baptiste Lebas vers Wazemmes, nous nous sommes retrouvées devant la maison Coilliot, au 14 rue de Fleurus (quartier Saint-Michel). La réaction a été immédiate pour toutes les deux: arrêt instantané pour admirer cette petite pépite de l’art nouveau à Lille.
Au courant depuis quelque temps déjà de son existence, j’étais ravie de tomber dessus par hasard et m’étonnai de voir que C. ne semblait pas la connaître. Cet article est donc pour tous les Lillois (d’origine ou d’adoption) qui ne connaissent pas cette petite merveille.
La maison est construite fin 19ème sur la demande d’un entrepreneur en céramique: Coilliot. Ce dernier fait appel à un architecte et designer français particulièrement connu: Hector Guimard.
Guimard a notamment créé les célèbres bouches de métro parisiennes ainsi que des villas, des hôtels particuliers, du mobilier, de la décoration intérieure etc. (pour le détail de ses œuvres voir ici)
Coillot, artiste et mécène, fait appel à Guimard, qu’il a rencontré en 1897 à l’exposition La céramique et tous les arts du feu, car il veut mettre en valeur son savoir-faire dans les laves émaillées. Il souhaite faire ériger une façade, sorte d’affiche publicitaire afin de donner un prestige certain au siège de son entreprise. On peut donc lire sur le fronton « Carrelages artistiques, Lave émaillée, Céramiques Coillot, Hector Guimard Arch d’art, Paris »
Comme l’explique la fiche de la base Mérimée: « Cette maison est non seulement importante pour le parti décoratif, mais aussi par la prouesse architecturale, étant logée dans une parcelle très étroite et dissymétrique. »
Sa structure est d’ailleurs incroyable: au rez-de-chaussée, la façade reste dans l’alignement de la rue, puis elle est placée en retrait aux étages avec une structure en bois qui s’y superpose et donne de l’élan au tout.
Petite anecdote: Guimard aurait laissé une signature très personnelle en moulant les poignées de la porte d’entrée selon l’empreinte de sa main fermée sauf que la poignée de porte a disparu. La porte n’est d’ailleurs plus en excellent état (beaucoup d’éraflures vers le bas)
La maison Coillot ne se résume pas à une belle façade art nouveau, son intérieur a également été pensé et dessiné par Guimard. Comme il est précisé sur la fiche Mérimée: « Guimard y applique son principe de l’art en tout, dessinant tout et intégrant le mobilier à la structure architecturale. » Il n’est pas possible d’entrer dans la maison et de la visiter car il s’agit d’une propriété privée. Cependant vous pouvez aller jeter un coup d’oeil à cette vidéo de l’INA datant de 1983, qui présente l’intérieur (allez la voir juste pour entendre les commentaires de la voix-off, ça vaut le coup).
La maison Coillot abritait à l’époque une partie commerciale au rez-de-chaussée et une partie habitation à l’étage. Ce qui est moins connu, c’est qu’à l’arrière de la maison, Louis Coilliot fait également construire des écuries, un entrepôt et un immeuble de rapport donnant sur la rue Fabricy. Ces bâtiments sont construits dans un style plus classique. (détails ici) (Et non le poisson n’est pas d’origine.)
Si c’est d’abord uniquement la maison Coillot qui est classée aux monuments historiques le 16 mars 1977, les constructions rue Fabricy (le n°13, 15 et 17) seront finalement classées elles aussi le 13 mai 2009. L’ensemble est donc protégé.
J’ai eu la surprise de découvrir en passant devant ce monument historique que le rez-de-chaussée était à nouveau un local commercial, pour des lunettes cette fois-ci. Cela reste discret mais ôte toute de même beaucoup de son charme. Moi qui rêvais que cette maison soit ouverte et visitable, c’est raté!
(Quand je suis repassée prendre les photos la boutique était fermée,
je ne peux donc pas vous la montrer)
Idée parcours
Vous pouvez donc aller voir:
-la maison Coillot rue de Fleurus
-l’autre partie rue Fabricy mais aussi
-jeter un coup d’œil à l’église Saint-Maurice
Sources:
–Base Mérimée (maison Coilliot)
–Base Mérimée (immeubles rue de Fabricy)
–Maison Coilliot, lartnouveau.com
–Lille secret et insolite, les mystères d’une insoumise, Eric Maitrot, photographies de Sylvie Cary, Les beaux jours
Un local commercial pour des lunettes ! Non mais vraiment je suis outrée XD. Une demeure pareille devrait être ouverte au public. Bon, ou alors être une propriété privée, mais un local commercial pour des lunettes? On perd tout le charme du lieu là.
Et encore tu ne l’as pas vu ouvert! ^^’
Superbe !! Je ne soupçonnais pas du tout l’existence de cette réalisation de Guimard à Lille ! Quand j’irai y faire un tour je reviendrai te donner mes impressions ici. Merci pour l’adresse 🙂
Oui n’hésite pas à me dire ce que tu en penses!