Un passage secret au cœur du vieux-lille

Avez-vous déjà entendu parler du passage des Trois Anguilles? Il s’agit d’une ruelle particulièrement étroite qui relie la rue Voltaire (au n°22) et la rue Négrier.

Ce passage est si étroit qu’il est facile de le louper lorsque l’on passe devant, c’est encore plus vrai côté rue Voltaire car l’entrée du passage semble faire partie de la maison.  Son indication est d’ailleurs beaucoup plus discrète. Alors que le passage est clairement indiqué rue Négrier par un panneau en bois au dessus d’une porte ouverte, seules trois anguilles gravées dans la pierre indiquent cette ruelle rue Voltaire.

Ce passage est un véritable boyau: long de cent mètres mais pas plus large que un mètre vingt, il prend des allures de coupe-gorge une fois la nuit tombée et bien des Lillois préfèrent faire un détour rue Royale plutôt que de l’emprunter.

S’il est aujourd’hui plutôt rare de voir des passages de ce type à Lille,  il en existaient plusieurs similaires auparavant dont la cour Guiterne, ancien raccourci entre l’avenue du Peuple-Belge et la rue Saint-Jacques ainsi que la cour à Fiens qui débouchait sur la rue des vieux-murs.

Le site Renaissance du Lille Ancien mentionne également une petite ruelle entre la rue Jean-Jacques Rousseau et la rue de Weppes, cette « ruelle à l’eau » remonterait au Moyen-Âge. Ces ruelles permettaient d’accéder au cours de la rivière depuis la rue. En 2011, lors de l’écriture l’article, la ruelle était fermée par une grille à chacune de ses extrémités .

Or il semblerait que celle qui nous intéresse était aussi fermée par une porte à chaque extrémité début 18ème puisque apparemment, une ordonnance du magistrat de Lille de 1700 indique que les portes doivent être fermées le soir et ouvertes le matin par les habitants vivant aux extrémités. Une porte est toujours visible à l’entrée du passage côté rue Négrier mais pas de l’autre côté.

L’origine exacte du passage des Trois-Anguilles est inconnue. Il remonterait  sûrement à l’agrandissement de la ville orchestrée par Vauban en 1670 après la conquête de Lille par Louis XIV qui a repris la ville, alors au mains des Pays-Bas Espagnols. La rue Royale tient en effet son nom de cette reconquête par le Roi Soleil. A cette époque d’agrandissement, les rues sont construites selon un plan en damier: elles sont toutes parallèles et perpendiculaires.

Que trouve-on dans ce passage? Pas grand chose en vérité si ce n’est un panneau indiquant l’emplacement d’un dojo (et quand on voit l’allure de la ruelle on a envie de prendre des cours de défense!) et de nombreux tags qui sont en total décalage avec ce vestige d’une époque lointaine. Si on lève la tête on peut apercevoir les grandes maisons bourgeoises bien à l’abri derrière leurs murs.


Petite anecdote: un roman policier, écrit par Marc le Piouff, et portant le nom de « passage des Trois-Anguilles » a été publié aux éditions Ravet-Anceau en septembre 2014. Ce roman explore aussi bien la piste du criminel que l’histoire de la réhabilitation du Vieux-Lille.


Sources:

  • Lille secret et insolite, les mystères d’une insoumise, Eric Maitrot, photographie Sylvie Cary, Les Beaux-jours
  • Renaissance du Lille Ancien, chroniques de restauration

3 réflexions au sujet de “Un passage secret au cœur du vieux-lille”

  1. Ah ah tu avais raison cet article me plaît beaucoup, ça me plonge au coeur de l’histoire ^^. C’est juste dommage qu’il y ait d’affreux tags maintenant. Mais j’imagine assez bien l’ambiance de l’époque. Moi non plus je ne l’emprunterais pas la nuit cela étant dit.

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