Un mystérieux petit pan de mur…

A tous les curieux qui veulent toujours en savoir plus sur leur ville préférée, je reviens avec un article patrimoine cette semaine! Pour les amoureux du Vieux-Lille ou les promeneurs occasionnels, vous avez sûrement dû remarquer ce petit bout de mur, accolé à l’Hospice Comtesse, rue de la monnaie? D’où vient-il, de quand date-il et pourquoi garder juste un bout comme ça? Je vous raconte, ce que j’ai appris…

vestige st pierre - banniere

Pour commencer ce « drôle de bout de mur » est en fait un vestige de l’ancien moulin Saint-Pierre. Ce moulin à eau était un cadeau de la comtesse Jeanne de Flandres à l’Hospice Comtesse, sa première construction remonte à 1237.

Pour ceux à qui le nom d’Hospice Comtesse ne dit rien, il s’agit actuellement du musée d’ethnographie et de folklore de la ville de Lille. De par sa décoration et son ameublement, il évoque l’intérieur d’une maison religieuse flamande du XVIIème siècle.
Vous êtes sûrement tous déjà passé devant mais vous n’êtes pas forcément entré dans la cour pour admirer les bâtiments. Si avant, il était possible de jeter un œil sans prendre de billet pour le musée, je crois qu’à présent avec le plan vigi-pirate c’est plus compliqué, dommage (après, vous pouvez toujours essayer).

L’Hospice Comtesse a été créé en 1237 (même date que le moulin) par la comtesse Jeanne de Flandres pour le salut de son âme et de celle de son mari décédé (apparemment, elle devait s’amender pour quelques péchés…). Elle a donc fait don du terrain pour « l’établissement d’un hôpital qui vienne en aide aux malades, aux pauvres et aux pèlerins ». Il y avait donc entre autres, une église, un hôpital et… ce fameux moulin à eau.

Mais si observez bien ce petit pan de mur, vous vous apercevrez qu’il ne peut pas s’agir de celui d’origine. Il nous reste bien peu de choses de ce moulin: 3 fenêtres, une porte murée et un autre bout de mur (sur le bâtiment de l’Hospice Comtesse), mais on note tout de même deux choses intéressantes: une date (au-dessus de la porte) et un blason (fenêtre de gauche). La date: 1649, indique que le moulin a dû être reconstruit après l’incendie de mars 1649. (Déjà en 1468, l’hôpital est entièrement détruit par les flammes et en 1649, rebelotte… pas d’bol quand même).

Pour ce qui est du blason gravé dans le linteau de la fenêtre gauche, il porte les armes des Ducs de Bourgognes et celles de Flandres. Il représente la protection accordée à l’Hospice Comtesse par Jean sans Peur (aussi appelé Jean Ier de Bourgogne, duc de Bourgogne, comte de Flandre, d’Artois et de Charolais, comte palatin de Bourgogne… mais c’est un peu long à dire), un gars bien sympa qui a assassiné son cousin, le frère du roi Charles VI, participant ainsi à relancer la guerre de 100 ans. Chic type.Si vous voulez voir son faciès, il y a apparemment son portrait au Palais des Beaux-arts, je vérifierai quand j’y retournerai.

Vous allez me dire, c’est bien joli de raconter l’histoire d’un moulin à eau mais elle était où cette eau? Eh bien, vous le savez peut-être, le Vieux-Lille était à l’époque traversé par de nombreux canaux. L’actuelle avenue du peuple Belge était la Basse-Deûle. D’ailleurs, l’un des ponts qui l’enjambait, le pont Neuf, est toujours présent (je vous mets quelques liens vers d’anciennes cartes postales pour que vous ayez un aperçu). Ainsi, le canal St Pierre, un bras de la Deûle, venait se jeter dans la Basse-Deûle, actionnant ainsi les roues à aubes de chaque côté du moulin.

Si à l’origine, il s’agit d’un moulin classique, peu à peu il sera agrandi et finira par devenir un véritable complexe industriel début 18ème. Mais après un nouvel incendie début 20ème (oui vraiment, le sort s’acharne), le moulin est détruit à l’exception de ce pan de mur qui sera restauré en 1982.

En 2011, un projet de l’association Renaissance du Lille ancien propose de reconstruire ce moulin selon les plans retrouvés. Le président de RLA expliquait alors « L’idée est de reconstituer le volume de l’ancien moulin, de recoller les morceaux à partir de documents éparpillés depuis la fin du XIXe siècle ». (source) Nous sommes à présent en 2016 et toujours pas de concrétisation de ce projet qui reste, pour l’instant, à l’état d’idée.

En tout cas ce pan de mur interpelle et nous renvoie vers ce Lille ancien aux nombreux canaux. C’est également un passage vers l’un des lieux très appréciés des Lillois quand il fait beau: l’îlot comtesse.

2 réflexions au sujet de “Un mystérieux petit pan de mur…”

  1. Je suis lilloise je suis allée à Saint Marie rue du Metz et ensuite rue de la barre
    J’ai quitté le nord pour me marier en Périgord et quand vous retracez l’histoire de Lille je me sens très ignorante
    Existe t’il lors d’un de mes prochains retours aux sources une possibilité de rentrer en contact avec comme il se fait dans de nombreuses villes un guide bénévole pour me faire découvrir les splendeurs de mes racines
    Merci

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    • Vous faites référence à ce qu’on appelle les « Greeters » je pense qui sont en effet des locaux qui font découvrir leur territoire de façon bénévole.

      Une rencontre de ce type pourrait tout à fait s’organiser. Vous pouvez me recontacter quand vous pensez revenir sur Lille.

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