Vous n’avez pas pu louper les belles affiches de l’expo sur William Morris ou la communication faite au sujet des nombreuses expositions présentées à la Piscine cet automne. C’est une saison incroyablement riche que nous propose le musée, je ne pouvais donc pas passer à côté. J’ai découvert ces expos lors du vernissage mais elles m’ont tellement plu que j’y suis retournée pour prendre le temps de les apprécier plus longuement. Je vous partage donc mes impressions sur cette saison.
Si vous ne devez choisir qu’une exposition temporaire à faire cet automne, foncez à La Piscine. Déjà, car dans un seul lieu, vous visitez huit expositions différentes, c’est tout de même assez rare. Ensuite, car elles sont extrêmement variées et de qualité!
Je vais me concentrer en particulier sur les trois qui sont présentées dans l’espace d’expo temporaire, à savoir: William Morris, Hugo Laruelle et Luke Newton.
William Morris, l’art dans tout
Il s’agit de l’exposition phare de cette saison anglaise. Elle présente près d’une centaine d’œuvres (peintures, illustrations, mobiliers et tapisserie…) provenant de collections publiques anglaises (notamment la Tate Britain et le Victoria and Albert Museum) mais aussi de collections publiques françaises (en particulier, le musée d’Orsay). C’est bien beau tout ça mais concrètement, c’est quoi la thématique de l’expo?
D’abord, il faut replacer le personnage dans son contexte historique : on est en pleine Révolution industrielle en Angleterre. C’est un énorme bouleversement à tous niveaux : les habitudes vont changer, le paysage va évoluer, il va y avoir un glissement démographique de la campagne vers les villes… Bref, l’époque victorienne marque un tournant. William Morris va prendre le contrepied de cette mécanisation totale. Il va s’efforcer de redonner des qualités esthétiques aux objets, même les plus banals. Il va appliquer cette vision à toutes les formes d’art: peinture, architecture, graphisme, artisanat, littérature.
La culture Celte et le Moyen-Age vont beaucoup nourrir son inspiration et celles de ses amis artistes. D’ailleurs, beaucoup appartiennent à un mouvement que vous connaissez peut-être : celui des préraphaélites – Dante Gabriel Rossetti, Edward Burne-Jones, William Holman Hunt, John Everett Millais… On retrouve certaines de leur oeuvres lors du parcours de visite. Si tu ne connais pas ce mouvement, c’est super bien expliqué ici.
Etant donné que l’on parle « d’art dans tout », en toute logique, la scénographie a été particulièrement soignée. Je l’ai trouvée magnifique, vous êtes vraiment plongé dans cet univers des « Arts & Crafts ». C’est coloré, c’est atypique et totalement immersif. C’est donc déjà un bon début. Ensuite, les oeuvres et artefacts présentés sont vraiment variés : livres enluminés, tapisseries, mobilier, tableaux, rideaux, et j’en passe. L’expression « l’art dans tout » prend ici tout son sens.
J’ai entendu certaines personnes en peu déçues en sortant de l’exposition car ils la trouvaient un peu petite. En effet, il faut garder en tête que l’espace dédié aux expositions temporaires a été divisé en trois (mais pas de même taille). Donc, de facto, l’expo dédiée à William Morris ne peut pas avoir la même taille que les précédentes qui occupaient tout l’espace. Personnellement, ça ne m’a pas gênée du tout. Finalement, le fait que les personnes l’aient trouvée « trop courte » atteste de leur intérêt pour le sujet.
Visuellement, c’est probablement l’une des plus belles expositions que j’ai vues à La Piscine.
Hugo Laruelle, le lac aux îles enchantées
Vous êtes peut-être déjà passé devant une des réalisations d’Hugo Laruelle sans même en avoir conscience. Artiste roubaisien, il occupe la très jolie maison verte sur le côté de l’hôtel de ville (non loin de la fresque de Camille Claudel).
Hugo Laruelle est un artiste aux multiples talents. Il travaille à la fois la peinture et la photographie (entre autres) et vous verrez les deux, mais pas seulement … Ses photographies sont de vrais tableaux vivants, on perçoit que les inspirations ne viennent pas que de la peinture mais également de la littérature, de la nature… Bref, on sent qu’Hugo Laruelle se nourrit de multiples influences pour en dégager son style unique et onirique.
Si j’aime beaucoup ses photographies, dont certaines sont très poétiques, j’ai un immense coup de coeur (qui n’est pas nouveau) pour ses grandes toiles dorées circulaires représentant des paysages imaginaires de fleurs et d’oiseaux. Ce n’est pas une exposition dont je peux beaucoup vous parler, il faut aller la découvrir par vous-même. On est plus sur le ressenti que sur l’intellect ici.
Si vous n’avez encore jamais poussé les portes de son atelier, situé dans la Maison Verte (rue du Maréchal Foch), je vous encourage vivement à vous y rendre lors de la nuit des arts de Roubaix qui a lieu deux fois par an (cet hiver : 2-3-4 et les 10 et 11 décembre). D’ailleurs, sur le côté de la maison, vous trouverez une fresque street-art dans le même esprit que ses grandes toiles dorées : un joli paysage imamginaire où se mêlent fleurs, poissons et oiseaux. Je vous remets le lien vers mon reel qui date de l’an passé.
Luke Newton, un produit de consommation
L’univers de cet artiste tranche totalement avec celui des deux autres! On est sur quelque chose de beaucoup plus pop art. C’est aussi plus humoristique et, surtout, plus provocateur. L’artiste détourne des objets de tous les jours pour nous faire réfléchir sur notre quotidien. Par exemple, des crayons de couleurs sont transformés en armes à feu et des emballages d’aliments en crânes et en squelettes.
J’ai encore plus apprécié cette expo la deuxième fois que je l’ai vue, notamment car j’ai pris plus le temps de lire les explications autour de chaque oeuvre. Je les ai trouvées pertinentes (et impertinentes). Surconsommation, liberté d’expression, amour (et ses désastres) sont autant de thèmes abordés de façon très percutante.
Et les autres expos?
Les six autres expositions sont disséminées dans les collections permanentes. C’est donc également l’occasion de refaire un tour dans l’un des plus beaux musées de France. Il y en a vraiment pour tous les goûts : céramiques, mode, collages…
Ne loupez pas les créations mode de Marilyn Feltz au premier étage, j’ai trouvé ses réalisations de toute beauté (pour la plupart en tout cas, mais c’est une histoire de goûts). L’une des robes rend hommage à l’architecture du musée, vous ne pourrez pas la louper! Prenez le temps aussi de lire les collages loufoques de Pat Le Sza, ils nous ont bien fait rire.
Vous pourrez également admirer les oeuvres céramiques d’Odile Levigroureux et explorer les liens entre le Royaume-Uni, Roubaix et les collections du musée avec les deux expos Roubaix Save the Queen et Roubaix à l’heure anglaise.
Vous avez jusqu’au 8 janvier pour aller admirer l’ensemble de ces expos. Attention, prévoyez du temps devant vous (au moins deux heures) ou allez-y en plusieurs fois si vous le pouvez.
Pour rappel, l’accès au musée et à ses expositions est gratuit tous les vendredis de 18h à 20h. Chaque premier dimanche du mois, l’entrée aux expostions temporaires est réduit.
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