Connaissez-vous l’église Saint-Chrysole dans la ville frontalière de Comines? Cette grande dame en béton qui date des années 30 est unique en son genre. Une forme originale, des couleurs à l’intérieur et à l’extérieur, le bâtiment intrigue et détonne. J’ai eu la chance de bénéficier d’une visite guidée pour pouvoir l’explorer dans ses moindres recoins. Je partage donc cette visite avec vous.
Son histoire
L’église de Comines dédiée à Saint-Chrysole se dresse fièrement face à l’hôtel de ville, l’ensemble des deux bâtiments donne un charme fou au centre-ville. Mais pourquoi une église aussi atypique ? Endommagée par les bombardements de la Première Guerre Mondiale, il est décidé de la reconstruire dans un style nouveau. Si Louis-Marie Cordonnier* se charge des plans de l’hôtel de ville, c’est Maurice Storez aidé par Dom Paul Bellot qui dessinera les plans de la future église située quasiment à son emplacement d’origine.
L’église a été inaugurée le 7 février 1929, mais elle n’a en fait été terminée qu’en 1938 soit presque 10 ans plus tard.
*Si ce nom te dit quelque chose, c’est normal, à Lille on le connaît comme l’architecte de l’Opéra et de la CCI.
Architecture et Art
Qui dit reconstruction post-conflit dit volonté d’efficacité et d’économie. Le béton inventé à la fin du 19ème siècle est donc parfait pour cet usage. Ce matériau avait d’ailleurs été déjà utilisé pour la construction d’autres édifices religieux en France. L’emploi du béton armé a permis de créer de grands volumes et de larges ouvertures, sans pour cela avoir à construire de contreforts ou d’arcs-boutants. Les briques vernissées colorées que vous voyez à l’extérieur sont purement décoratives, c’est bien la structure béton qui maintient le tout. A l’intérieur, on voit bien le « squelette » de béton.
Quand vous êtes à l’intérieur, les volumes sont en effet frappants : hauteur de la charpente, largeur du dôme (951m), immenses vitraux colorés, c’est superbe. La profusion de détails apportés lors de la conception m’a frappée, ferronneries, lustres, baptistère, tout est merveilleusement ouvragé. Et c’est logique puisque la majeure partie des plans du mobilier a été réalisée par Dom Paul Bellot (le moine architecte). D’ailleurs le mobilier, la décoration et l’architecture s’inscrivent dans le mouvement Art Déco qui était en vogue à l’époque. Ce n’est pas la seule église Art Déco de la métropole ou de la région mais c’est la seule qui combine ce style à celui du néo-byzantin.
D’ailleurs, la forme choisie pour l’église peut étonner car nous sommes habités à la croix latine et c’est ici construit sur le plan d’une croix grecque (une croix dont les branches ont la même longueur et se croisent en leur milieu). Sauf que finalement restriction budgétaire (comme d’habitude quoi) et donc les 2 bras du transept sont à peine amorcés. Malgré tout l’édifice reste particulièrement impressionnant.
Un patrimoine préservé
Reconnue en 1995 par la Commission Européenne au titre des bâtiments cultuels, elle est inscrite à « l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques » en 2001 avant d’être classée Monument Historique en 2002. En 2011 un grand chantier de restauration est lancé car cette grande dame est victime de lourds problèmes d’étanchéité. Le chantier durera près de 7 ans et permettra de redonner ses couleurs à l’église mais aussi de rebâtir la belle chaire en mosaïques qui avait disparu dans les années 70 ou de rendre tout son éclat à la chapelle de semaine. En octobre 2017, elle sera inaugurée une seconde fois.
Comment la visiter ?
Vous pouvez y accéder en visite libre tous les jours de 10h à 16h. Des visites guidées sont parfois organisées notamment lors du printemps de l’Art Déco ou lors des Journées Européennes du Patrimoine. Sinon vous pouvez visiter l’église depuis le fond de votre canapé grâce à la visite virtuelle disponible ici.
Les photos sont très belles
Merci ! Pourtant la météo n’était malheureusement pas au rendez-vous. Dommage.