Exceptionnellement, je vais vous parler d’une exposition en dehors de la métropole lilloise. Pourquoi? Eh bien, je pense qu’elle vaut le coup qu’on en parle, et puis elle n’est qu’à 30 min de Lille, donc ça reste vraiment tout près!
Cette exposition c’est Arras vous fait la cour. Elle a démarré depuis un moment déjà puisqu’elle a ouvert ses portes le 27 septembre 2014. Alors que les expositions durent habituellement entre 3 et 5 mois, celle-ci s’étale sur 18 mois. Elle est en fait le fruit d’un partenariat de 10 ans entre l’Établissement public du château de Versailles, le Conseil régional Nord-Pas de Calais et la Ville d’Arras. Ce partenariat (signé en juillet 2011) avait débuté avec l’exposition Roulez Carrosses! qui avait eu lieu du 17 mars 2012 au 10 novembre 2013. C’était alors la première fois que Versailles se lançait dans des expos « hors les murs ».
Arras vous fait la cour est la seconde exposition organisée dans le cadre de ce partenariat. Elle a lieu au sein du musée des beaux-arts d’Arras, au cœur de l’abbaye Saint-Vaast.
J’avais de grandes attentes pour cette expo au vu de la communication faite autour de l’événement, des souvenirs que j’avais de Roulez Carrosses! et de son sujet. Encore une fois, je n’ai pas été déçue. Je suis ressortie admirative de la richesse des œuvres et objets présentés et surtout de leur mise en scène. Coup de cœur pour la scénographie! Comme l’explique la présentation:
A travers les différentes sections du parcours de l’exposition, le visiteur est invité à découvrir, comme dans une promenade, les six atmosphères du château de Versailles.
-D’or, de marbre, de bronze et d’argent
-Boiseries et marqueteries
-Eaux et fontaines
-Parcs et Bosquets
-Fleurs du Trianon
-Fêtes et feux
Ces six thèmes permettent d’aborder à la fois le Versailles public (le prestige et la richesse de la royauté) et le Versailles privé (vie quotidienne et surtout privée des souverains). Entre espaces d’apparat et salons privés, les objets et œuvres présentés nous livrent un peu de la flamboyance de Versailles.
Le but de la scénographie est de nous présenter les objets dans leur contexte afin de nous plonger dans l’ambiance de Versailles. Pour que cela fonctionne, de nombreux trompe-l’œil ont été utilisés: faux lustres, fausses niches, fausse végétation mais aussi miroirs, images et bruits d’eau.
J’ai particulièrement été séduite par les parties eaux et fontaines, et parcs et bosquets. Pour la partie eaux et fontaines, des vidéos expliquent le processus d’installation de toutes les fontaines et l’immense réseau de canalisations qu’il a fallu créer mais c’est surtout la statue de Latone (infos sur le bassin de Latone ici) qui est la pièce maîtresse de cette partie. Seule oeuvre de la salle, elle est entourée par d’immenses écrans qui projettent de courts extraits vidéos de jets d’eau. Vous êtes alors immergé dans l’univers des nombreuses fontaines de Versailles.
La partie parcs et bosquets est probablement ma préférée, non pas à cause de mon goût pour les jardins, mais pour la mise en scène des œuvres. Pour la partie « bosquet du labyrinthe« , une sorte de mini labyrinthe a été reconstituée grâce à des séparations en tissu imprimé façon murs végétaux. Les œuvres présentées dans cette partie sont un vestige des fontaines qui ornaient ce labyrinthe. Aux bifurcations des allées, trente-neuf fontaines ornées de groupes sculptés illustraient les fables d’Esope (alors remises au goût du jour par La Fontaine). Ce sont ces sculptures d’animaux, du moins celles qui n’ont pas disparu, qui sont exposées.
Sur les 330 animaux de plomb, seuls 35 subsistent et 6 sont exposés. Afin de visualiser l’emplacement d’époque de ces statues, des gravures représentant leur position d’origine sont placées sous les cartels. Quelques extraits de fables sont également cités.
L’intérêt de cette exposition c’est de découvrir des pièces d’origine du château qui ne sont plus ou pas exposées habituellement. Certaines pièces (notamment les statues de fontaines) ont été remplacées par des moulages à l’identique au château ou ne sont tout simplement pas exposées car trop fragiles. On a également la surprise de voir exposée une grille d’origine ou des morceaux de murs (panneaux de bois), c’est plutôt inhabituel de voir des pièces de ce type dans une exposition, surtout provenant de Versailles, ça les rend d’autant plus appréciables.
Les seules critiques que j’ai à formuler à propos de cette exposition sont son étroitesse et un élément anachronique qui jure avec le reste de l’exposition.
J’avais déjà remarqué le manque d’espace à l’occasion de Roulez Carrosses! puisque j’avais suivi une visite guidée. Cette fois-ci, ce n’était pas le cas mais nous avons croisé un groupe de lycéens, ce qui a pendant un temps réduit considérablement l’espace pour circuler et admirer les œuvres. Je conseille donc de ne pas visiter l’exposition pendant les heures d’affluence ou en même temps qu’une visite guidée en cours car cela gâcherait un peu l’appréciation des oeuvres/objets et de la scénographie.
Pour ce qui est de l’objet anachronique, en l’occurrence une boule à facettes, je comprends l’intention puisqu’elle est située dans la partie fête et feux mais elle détone tout de même. Si plusieurs éléments anachroniques avaient été utilisés cela m’aurait moins choquée (les télés et écrans géants ne comptent pas, ce sont des supports).
Malgré ces deux points négatifs, j’ai beaucoup apprécié l’exposition et je la recommande pour tous ceux qui ont l’occasion d’aller à Arras.
(Pourquoi pas lors d’une visite au marché de noël ? Celui d’Arras est beaucoup plus sympa que celui de Lille!)
Vous avez jusqu’au 17 mars pour aller visiter cette expo, la fin approche à grands pas, il ne fait pas traîner. Infos pratiques ici.
Au total, c’est 5 grandes expositions qui sont prévues à l’occasion de ce partenariat, il nous en reste donc 3 à découvrir, espérons qu’elles soient aussi réussies!
J’avais beaucoup aimé l’exposition « Roulez carosses ». J’espère que j’aurais le temps d’aller voir celle-ci aussi, tu m’as donné envie !