Vous avez peut-être déjà entendu parler du son et lumière Les Misérables qui se déroule tous les étés à Montreuil-sur-Mer depuis maintenant 20 ans. Si ce n’est pas le cas, il n’est jamais trop tard pour apprendre. Moment phare de la saison estivale du montreuillois et plus généralement du département (voire de la région), ce spectacle est toujours un succès. C’est pourtant une sacrée machine à orchestrer qui demande une organisation rigoureuse. J’ai eu l’occasion d’assister à leur répétition générale avant l’ouverture de la saison 2016, je vous raconte ça…
Commençons par le commencement: pourquoi organiser un spectacle autour des Misérables à Montreuil-sur-Mer, quel est le lien? Je l’avais mentionné dans mon article sur Montreuil: Victor Hugo est de passage dans la jolie ville le 4 septembre 1837 où il y écrit une lettre à sa femme, Adèle qui débute ainsi:
« Ma chère Adèle,
Je suis parti d’Etaples de bon matin. Je voulais déjeuner à Montreuil-sur-Mer. Montreuil-sur-Mer serait mieux nommé Montreuil-sur-Plaine. «
Par la suite, il y inscrira la première partie de son roman « Les Misérables« . Montreuil est la ville natale de Fantine, c’est là que Valjean change d’identité et devient Monsieur Madelaine. L’ancien forçat y rencontre Fantine qu’il prend en pitié. Il lui jure de prendre soin de sa fille: Cosette. Et c’est là le point de départ de l’intrigue: entre fuite et cas de conscience. Pour ceux qui ne connaissent pas bien l’histoire, je vous invite à lire le résumé ici.
Totalement justifiée du point de vue de l’intrigue, la citadelle se prête magnifiquement bien à un son et lumière. Le grand espace central permet d’accueillir les gradins pour les visiteurs et laisse amplement la place pour « la scène ». Le lieu est un élément du décor en soi: les vieux bâtiments, sa chapelle, les remparts, son terrain pentu, ses arbres… Difficile de trouver plus approprié et avec quelques accessoires, ce décor se transforme et nous fait voyager à travers les différents lieux du roman.
Si la citadelle est déjà un endroit que j’affectionne particulièrement de jour, de nuit elle prend des allures mystérieuses avec les illuminations (et dans son et lumière il y a lumière…) et contribue à créer une atmosphère particulière, un peu hors du temps…
Si cette fois-ci c’est la répétition générale que j’ai vue, j’avais assisté à une représentation avec des amies il y a 3 ou 4 ans et nous avions adoré! Outre le décor, c’est la façon dont l’histoire en elle-même est racontée qui est captivante.
Alors que dans les (nombreuses) adaptations du roman, le texte d’Hugo est modifié et simplifié, ici ce sont vraiment des extraits du roman, du texte d’origine qui sont utilisés. Par contre, pas de soucis à se faire niveau compréhension, pas de vocabulaire compliqué ou de tournures archaïques (bon ok, il y a quelques tournures anciennes mais promis, on comprend très bien). Vous découvrez donc la plume du fameux auteur alors que le spectacle se joue devant vous.
Et quel spectacle! Vous pensez peut-être qu’il s’agit du petit son et lumière de campagne, que nenni! Vous êtes loin du compte. On parle de plus de 300 bénévoles pour jouer les figurants, de toute une équipe technique à la régie, des accessoiristes, des cousettes (pour confectionner les nombreux costumes), des danseuses, de la cavalerie (maîtriser un cheval pendant un spectacle ça ne s’improvise pas!) et toutes les personnes chargées de l’accueil et du placement. A cela s’ajoute les professionnels: le metteur en scène, le compositeur, la professeur de danse et l’équipe de l’office de tourisme qui s’occupe de la promotion.
Je vous laisse imaginer l’organisation quasi-militaire qu’il faut mettre en place pour gérer le déroulement du spectacle avec autant de personnes! Concrètement, les figurants sont divisés par équipes et chacune possède son chef d’équipe. Il va se charger par exemple de vérifier que pas un élément anachronique ne va venir gâcher le spectacle: (c’est sûr que Gavroche avec une Iphone ça tue un peu le mythe) les lunettes, les montres font partie des objets proscrits. L’illusion doit être parfaite pour plonger les spectateurs dans l’histoire.
Si les coulisses s’apparentent à une ruche en pleine activité au moment du spectacle, il y règne néanmoins une ambiance de franche camaraderie qui donne envie de se glisser dans la peau d’un figurant le temps d’une saison (voire plus, qui sait?).
En tout cas j’ai été impressionnée par le professionnalisme avec lequel le spectacle des Misérables est réalisé. Les costumes sont très beaux, les accessoires nombreux et le talent des danseuses et des cavaliers m’impressionne chaque fois.
Et si vous avez déjà vu le spectacle, ne pensez pas que vous verrez la même chose, la mise en scène évolue tous les ans (quelques scènes sont peu à peu modifiées). Si bien qu’au bout de quatre ou cinq ans, c’est un autre spectacle que vous verrez. J’ai d’ailleurs immédiatement remarqué des éléments scéniques qui n’étaient pas présents lorsque j’ai vu le son et lumière la dernière fois. En tout cas, la magie a encore opéré sur moi et j’ai été, une fois encore, happée par l’histoire. J’aimais déjà beaucoup le film avec Depardieu, Clavier et Malkovich mais un spectacle comme ça avec les textes de Victor Hugo c’est encore autre chose…
Si vous voulez découvrir le son et lumière, il reste encore quelques dates: les 1er, 5,6,7 et 8 août. Infos pratiques ici et réservation là
Si vous voulez manger sur Montreuil avant le spectacle je ne saurais que trop vous conseiller de réserver et d’y aller assez tôt pour avoir le temps de manger (je me souviens d’un sprint mémorable pour arriver à l’heure au spectacle).
Vous pouvez faire un super combo: visite de Montreuil, petit repas et Son et Lumière. Une chouette journée d’été (à condition que la météo soit de votre côté).
Moi aussi je me souviens de ton sprint mémorable (et de la crêpe avalée en vitesse). Mais c’était absolument génial, ce spectacle est on ne peut plus sublime et quand on pense que ce ne sont que des bénévoles, c’est impressionnant !