Avez-vous remarqué?

Je me suis longtemps demandé quel serait le premier article de 2017, je voulais qu’il concerne Lille mais je ne suis pas allée voir d’expo dernièrement. Il me restait donc la possibilité d’un article patrimoine. Cependant, c’est un article un peu différent cette fois. Si la grand-place et la place du théâtre sont des endroits où les Lillois passent quotidiennement, on ne fait pas forcément attention à tout et il y a de nombreux détails qu’on ne remarque pas. Je vous fais donc découvrir ces détails cachés et leur pourquoi du comment. Alors, le saviez-vous…?

banniere lille centre details

Les boulets de canons…en toc!

Vous connaissez peut-être l’existence de ces boulets de canons noirs incrustés dans la façade du rang de Beauregard. Je vous avais d’ailleurs parlé de l’un de ces boulets de canon, un peu particulier dans mon article sur le café Morel & Fils. Si vous avez lu le guide du Ch’ti 2016 vous pensez peut-être qu’il s’agit là des véritables boulets de canons tirés par l’armée d’Albert de Saxe lors du siège de 1792? Que nenni! Il s’agit d’une regrettable méprise.

Il est impossible qu’il s’agisse des véritables boulets puisque les canons avaient été placés de façon quasiment parallèle à la façade (vers la Porte de Paris, dans l’axe donc de la rue de Paris, qui se prolonge par la place du théâtre). En fait, ils ont été placés par les propriétaires eux-mêmes des années plus tard en hommage à la résistance sans faille de la ville face aux nombreux boulets de canons et tirs de mortier (Si j’ai souvent vu le nombre 30 000 il semblerait que -comme souvent en France- ce nombre ait été grossi. C’est du moins ce qu’explique Pierre Rocolle dans son article p.77). En réalité, c’est plutôt le quartier St Sauveur qui a été fortement touché par ces bombardements intensifs (pendant 10 jours quand même!).

Les boulets incrustés dans le rang Beauregard sont en fer et peints en noir et sont donc une commémoration de cet événement, à l’image de la statue de la déesse qui fut installée pour le cinquantenaire du siège autrichien.

Les amours, je t’aime moi non plus

Avez-vous déjà remarqué la présence de ces angelots (dits « amours » sur le haut des façades des maisons rue de la Bourse (perpendiculaire au rang Beauregard)? Deux par deux, certains se regardent et d’autres s’ignorent royalement puisqu’ils sont dos à dos (ou fesses à fesses plutôt). Alors non ce n’est pas juste un kiff des tailleurs Lillois qui ont voulu varier les motifs, il y a une signification derrière (sans jeu de mots) la position de ces chérubins (pas franchement angéliques!). En fait c’est tout simple: quand les amours s’enlacent, il s’agit de la même maison mais quand ils sont séparés, on passe à une autre propriété. Cela aide à distinguer la largeur des maisons puisqu’elles sont uniformes, elles forment un autre rang (dit du « Porcq d’or » à l’époque), on ne peut donc pas bien distinguer les séparations sans ces petits indices.

Le mystérieux bras d’or

Si je connaissais son existence, je ne l’ai aperçu que par hasard et assez récemment (en me promenant le nez en l’air comme d’habitude) à l’angle des rues Lepelletier et Grande-Chaussée. Ce bras d’or est un véritable mystère puisque personne ne sait réellement ce qu’il fait là: qu’indique-il exactement? Ca fait un petit moment qu’il est là déjà puisqu’il figure sur une gravure du 17e siècle, la maison pour sa part date du début 16e.

Certains pensent qu’à l’époque la bâtisse abritait un commerce: gantier, taverne, maître d’armes ou autre boutique. Il y a de nombreuses hypothèses mais l’on n’est sûr de rien. D’autres émettent l’hypothèse que ce bras indiquait peut-être l’emplacement d’une léproserie (pour les lépreux) située hors de la ville ou de l’hospice comtesse, tout proche en effet (il y aurait donc pu y avoir plusieurs bras de ce genre indiquant la direction à suivre). Peut-être découvrirons-nous un jour un document qui éclairera sa signification, en attendant, le mystère reste entier!

Les blasons qui n’en sont pas

Un des blasons qu’on remarque facilement et dont la présence peut étonner est celui du roi Philippe IV d’Espagne. L’explication est pourtant simple: lors de la construction du monument, la ville était sous domination espagnole, du coup c’est son blason qui se trouve sur la façade côté opéra. 

D’autres blasons, plus petits et plus hauts étonnent bien plus. Puisque s’il est logique de voir le blason d’un roi ou le lion des Flandres, voir les logos de EDF, Auchan (et son vieux logo!), crédit mutuel, crédit agricole et autres c’est plus insolite (scandaleux?) Leur présence s’explique par leur (généreuse apparemment) donation pour la restauration de la vieille bourse en 1986. Comme quand les entreprises donnent de l’argent, elles aiment bien que ça se sache, il y a maintenant leur logo sur la façade de ce magnifique bâtiment historique. La Vieille Bourse, conçue par Julien Destrée, a été superbement restauré et a retrouvé toute sa splendeur. C’est maintenant un des bâtiments emblématiques de la ville qui abrite le coin des bouquinistes, vendeurs d’affiches, jeux d’échecs et de tango en été.

1 réflexion au sujet de « Avez-vous remarqué? »

  1. Alors je trouve ça génial comme premier article de 2017! C’est vraiment intelligent les angelots qui s’enlacent ou qui se tournent le dos pour délimiter les maisons ! Il fallait y penser. Il faudra que tu me montres le bras d’or, ça m’intrigue. Quant aux blasons, c’est sûr que je ne suis pas totalement fan de celui d’EDF, ça manque de style dirons nous !

    Répondre

Laisser un commentaire