Décidément, la ville de Tourcoing semble avoir une affinité avec Picasso. Déjà en 2019, le Muba présentait une expo autour des illustrations de l’artiste. Cette fois, c’est une tout autre approche: l’Institut du monde arabe de Tourcoing nous propose de découvrir PICASSO ET LES AVANT-GARDES ARABES.
C’est donc un dialogue entre le travail de Picasso et celui des artistes du monde arabe qui est proposé. A première vue, on ne voit pas forcément bien le lien mais le but de l’expo est justement de nous le montrer. Alors, que vaut l’expo? Est-ce que la thématique devient claire une fois la visite terminée? Je vous raconte tout ça.
Pour être honnête, j’avais été plutôt déçue par l’exposition précédente « images de héros ». La thématique était super mais cela manquait cruellement d’explication pour les visites libres. Au final, cela manquait de liant et d’informations j’en étais donc sortie assez frustrée. Je ne savais donc pas trop à quoi m’attendre cette fois-ci, la communication promettait une expo d’une certaine ampleur donc j’avais hâte de voir si je serais aussi séduite que je l’avais été par leur expo LE MONDE ARABE DANS LE MIROIR DES ARTS. Verdict ? Je vous dis ça…
Le thème de l’expo
Picasso a assez peu voyagé et ne s’est jamais rendu dans aucun pays du monde arabe… et pourtant, il était fasciné par l’Orient. Dès 1940, il développe une fascination pour le tableau « les femmes d’Alger » de Delacroix. Il ira souvent l’admirer au Louvre. Après le début de la guerre d’Algérie, il va exécuter tout un cycle de peintures, lithographies et dessin d’après cette peinture de Delacroix. (Vous en verrez quelques unes dans l’expo). Il dira d’ailleurs « J’aurais aimé être maure ou Oriental. Tout ce qui touche à l’Orient me séduit. L’occident et sa civilisation ne sont que les miettes de ce gigantesque pain qu’est l’Orient » (propos rapportés par Geneviève Laporte en 1973).
Au-delà de cette fascination du peintre pour l’Orient, il partage également des intérêts communs avec les artistes du monde arabe. On peut citer, par exemple, les arts premiers, l’anticolonialisme et le pacifisme. Guernica est probablement l’un des plus connus de Picasso et c’est son premier grand engagement politique. Il continuera ensuite en apportant son soutien à Djamila Boupacha, une Algérienne victime du conflit. Je ne vous en dis pas plus sur son histoire, vous l’apprendrez en visitant l’expo. L’histoire mouvementée des pays arabes pendant la deuxième moitié du XXème siècle sera relayée par les artistes qui s’engagent à travers leurs peintures face aux tragédies de leurs pays. Et dans certains de leurs tableaux, on retrouve d’ailleurs l’influence de Guernica.
Si Picasso est fasciné par l’Orient, certains peintre du monde arabe trouvent dans son style de peinture une certaine libération ou du moins, un écho à la façon dont ils souhaitant représenter le monde. Il ne faut pas oublier que dans les arts de l’Islam, l’art est peu (ou pas) figuratif. L’abstractionnisme leur permet donc de s’inscrire aussi dans cette tradition. Comme nous l’explique l’expo : « Picasso a représenté pour les avant-gardes arabes la promesse d’un art universel sans hiérarchie géographique (orient/occident), temporelle (passé/présent) ou stylistique (art naïf/art savant). »
C’est une exposition construite en miroir : les tableaux du père du cubisme sont mis en parallèle avec ceux des artistes de l’avant-garde arabe.
Mon avis
J’ai vraiment beaucoup aimé cette exposition pour plusieurs raisons : elle est claire, bien construite, on comprend tout de suite la relation entre Picasso et les avant-gardistes arabes. Dès l’entrée de la salle on voit un portrait de Picasso et un portrait de Samir Raphi côte à côte. Bien sûr les styles et techniques sont légèrement différents mais on comprend l’inspiration qu’il a été. D’autant que Picasso le connaissait, il parle « d’un Egyptien qui a quelque chose dans le ventre ». Ces deux tableaux constituent d’ailleurs l’affiche de l’expo.
Moi qui m’interrogeais sur le thème de l’expo, là c’est visuellement très clair. Les explications viennent apporter le contexte historique nécessaire afin d’affiner notre compréhension. Pour autant, on n’est pas noyé dans les explications : un texte par salle et quelques cartels plus complets que d’autres.
Je pensais qu’il y aurait 2 ou 3 tableaux de Picasso eh bien pas du tout! Tableaux, dessins, céramiques… dans chaque salle on trouve plusieurs de ses œuvres. Pour ce qui est des artistes des pays arabes, certains n’avaient encore jamais été présenté en Europe. Si l’exposition n’est pas innovante dans l’accrochage, elle l’est par le thème. Pour ma part, j’ai découvert certains artistes que j’ai vraiment beaucoup appréciés: Fatma Haddad, Ezekiel Baroukh, Adham Ismail… C’est aussi ça pour moi le but d’une exposition temporaire : en apprendre plus sur une thématique et découvrir des artistes.
J’ai opté pour la visite libre cette fois et cela m’a pris environ 45min pour en faire le tour. Il y a beaucoup d’œuvres, elle est vraiment riche et elle, pour le coup, elle vaut le détour.
Les points positifs : l’accrochage est clair et cohérent, on comprend la progression. Il y a un grand nombre de tableaux mais ce n’est pas le seul support. On trouve aussi des céramiques, des extraits de livres et correspondance, des coupures de journaux, des illustrations etc. Comme je le disais il y a un grand nombre d’œuvres dont une bonne partie de Picasso. On pourrait penser que l’ensemble des œuvres sera dans un style uniforme mais pas du tout: cubisme, surréalisme, œuvres abstraites… il y a un mélange des genres.
Les points négatifs : Comme souvent à l’ima, la scénographie (disposition et affichage) est vraiment classique. Ce n’est pas bien grave, mais il ne faut pas s’attendre à être surpris. À un ou deux endroits il m’a manqué une explication, mais globalement c’est plutôt clair, même sans visite guidée.
Informations pratiques
Horaires : Mardi > jeudi 13h à 18h / Vendredi 13h à 20h / Samedi & dimanche 10h à 18h.
Bon plan : entrée gratuite pour les moins de 30 ans tous les vendredis de 16h à 20h.
Visites guidées les samedis et dimanche à 15h30. Comptez 2€ de plus par rapport au billet d’entrée.
Tarifs : 6€ tarif plein /4€ tarif réduit. Gratuit pour les détenteurs de la C’ART.
Pour y aller : arrêt de métro Colbert (ligne 2) / arrêt de tram Tourcoing centre (ligne bleue)
Retrouvez toutes les infos pratiques ici et la programmation autour de l’expo là.
Merci pour la présentation de l’exposition, ça donne l’envie d’y aller. Tout est clair en explications. Top
Merci à toi! Tu me diras si l’exposition t’as plu 🙂