Le Palais des Beaux-arts de Lille raconte la challenge de devenir artiste

Il y a quelques semaines je me suis rendue, en compagnie de Corine d’Artosoir, à l’exposition « Le rêve d’être artiste » au Palais des beaux-arts de Lille. J’avais immédiatement repéré le titre de l’expo quand celle-ci a été annoncée, j’avais donc hâte de la découvrir. Certaines stories que j’avais vu sur instagram m’avaient laissé un peu perplexe sur le type d’œuvres présentées. C’est donc pleine de curiosité que je m’y suis rendue.

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L’expo est construite en arc de cercle et l’on évolue de thématique en thématique. Jusque là, rien de radicalement différent pour une exposition d’art. En revanche, ce qui frappe dès la première salle c’est la juxtaposition des styles et des époques, mais là encore ce n’est pas la caractéristique qui différencie cette exposition des autres. La véritable différence ce sont les questions soulevées et c’est ce qui m’a vraiment intéressée. 

On démarre la visite par la remarque que l’identité même d’artiste n’est pas arrivé avec la création de tableaux. Les peintres ont d’abord été considéré comme des artisans, ils ne signaient pas leurs créations. On nous explique que « De l’Antiquité au Moyen-Âge, les disciplines humaines sont divisées entre arts libéraux […] et art mécanique […] La peinture et la sculpture appartenaient aux arts mécaniques » Ce n’est qu’à la fin du 14e siècle qu’ils cherchent à s’extraire de cette catégorie et affirment leur statut d’artiste en apposant leur signature (à l’échelle du temps ça fait pas mal de siècle d’anonymat quand même). Ils deviendront peu à peu des êtres légèrement à part suscitant envie, respect et admiration aussi bien que controverses, censures et persécutions.

Ce qui est intéressant c’est que le parti pris n’est pas de dire que devenir artiste est tout beau tout rose et est le rêve réalisable de tout un chacun. Cela montre au contraire les différents aspects et étapes de la vie par lesquels ils peuvent passer. On vous parle de l’artiste bohème, l’artiste maudit, l’artiste qui devient fou (ou considéré comme tel), celui qui joue avec les codes et se joue du marché de l’art. On parle également des rivalités qui peuvent exister notamment pour les artistes acceptés (et qui à l’époque étaient exposés au « Salon ») et ceux rejetés par les autorités de l’époque, mais aussi les rivalités entre les différentes Académies de peinture.

Le rêve d’être artiste ne représente pas uniquement la chemin que doit mener chaque individu pour devenir artiste, cela aborde également la naissance de la critique d’art (par Diderot, excusez du peu) et également celle du marché de l’art, très critiqué. Une vidéo nous montre d’ailleurs le fameux pied de nez de Banksy au marché de l’art lorsque la fille au ballon s’est autodétruite (à moitié) à peine le tableau adjugé vendu (plus d’ 1 million d’euros!). Probablement un des gestes de rejet les plus fort contre ce business de l’art ô combien lucratif pour certains, broyeur pour d’autres.

Si je ne vous ai pas convaincu, dites vous que l’exposition vaut le coup d’oeil rien que parce que c’est l’occasion de voir rassemblé une quantité impressionnante de grands noms:: Seurat, Manet, Camille Claudel, Renoir, Frida Khalo, Marie Laurancin, Dürer, Goya, Morisot, Gauguin, Chagall …et j’en passe. 

Une chose qui nous a frappé Corine et moi c’est les remarques franchement féministes distillées dans les explications au dessus des œuvres. Je ne vous les donne pas, amusez-vous à les repérer si vous le souhaitez, cela nous a en tout cas bien fait sourire (et j’étais tout à fait d’accord naturellement).

En bref, c’est une exposition très complète, très riche et extrêmement instructive. Peintures, dessins, gravures, sculptures, mais aussi extraits de films, émissions de télévision sont exposés. Elle ne donne pas du tout une vision naïve et enjolivée du statut d’artiste mais au contraire brosse un tableau complet de ce qu’implique devenir artiste.

Vous pouvez voir « le rêve d’être artiste » jusqu’au 6 janvier 2020. Infos pratiques ici

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