Fresque street-art de l’Union, décryptage

Je vous en parlais il y a maintenant quelques semaines une nouvelle fresque géante est venue fleurir la rue de l’Union entre Roubaix et Tourcoing. Il s’agit d’une fresque géante de près de 400m qui est le fruit d’un partenariat entre le collectif Renart et Des Friches et des Lettres. Elle vaut vraiment le détour, j’ai donc décidé de vous en parler un peu plus en détail.

Un peu d’histoire

Petit hameau avant la révolution industrielle, l’Union prend très vite son essor et les ateliers de tissage, les peignages de laine, les brasseries, les entreprises de chimie et de métallurgie se multiplient. Autour de ces usines on construit des maisons pour les ouvriers, on ouvre des commerces, on fait venir le chemin de fer… mais avec la désindustrialisation, les usines ferment les unes après les autres. En 2004 les usines Terken (brasserie), Vanoutryve et du Peignage de la Tossée ferment définitivement. Le quartier devient une vaste friche industrielle.

En 2006, Lille Métropole décide que l’Union sera l’écoquartier pilote de la métropole lilloise. Dès 2007, l’acteur urbain Ville Renouvelée est designé comme aménageur du site. Peu à peu ce quartier reprend vie avec la Plaine image, le centre européen des textiles innovants (CETI), la grande ruche d’entreprises de l’Union, le kipstadium… C’est l’agence Ville Renouvelée qui a passé commande auprès des collectifs Renart et Des Friches et des Lettres pour cette fresque monumentale autour de l’histoire du quartier.

La fresque

La réalisation est impressionnante : 250m d’un côté et 180m de l’autre. Non seulement elle est de taille mais avec ses couleurs vives on la repère de loin. Elle est axée autour du passé et du futur du quartier. Côté passé on retrouve, entre autre, un hommage à l’usine de la Tossée et à la brasserie Terken mais également à l’histoire du café chez Salah. Ce café devait être rasé pour laisser la place à la construction d’une zone d’activité et de logements mais le patron a lutté et a obtenu gain de cause, le café n’a jamais été rasé, il est toujours là!
Côté futur on retrouve des représentations de la nouvelle ruche d’entreprises et de l’imaginarium, mais aussi une vision d’une ville futuriste avec des robots. J’ai cru reconnaître également le kipstadium ou le centre européen des textiles innovants.

Les différentes fresques se fondent les unes aux autres, les transitions sont travaillées. Il y a une véritable unité alors que de nombreuses mains armées de bombes ont œuvré de concert. Les détails sont très beaux, mur et trottoir sont parfois reliés par des traits de pinceaux qui ne s’arrêtent pas, quelle méticulosité! La fresque égaye totalement cette rue qui était un peu tristoune avant, alors bravo les artistes, une jolie métamorphose pour ce quartier en pleine transformation.

Les artistes

On ne présente plus ces deux grands collectifs de la métropole que sont le collectif Renart et des Friches et des Lettres. Vous connaissez probablement les festivals d’art urbain qu’ils pilotent: côté Renart la BIAM, biennale internationale d’art mural (qui vient de démarrer sa 5ème édition) et côté des Friches et des Lettres, Expériences urbaines dit « XU » (la nouvelle édition devrait avoir lieu en juin). Les plus grandes réalisations sur la métropole sont issues, pour une grande partie de ces festivals.

Concrètement qui a graffé ? Côté collectif Renart : Pi80, Logick, Dany Boy, Lady Alezia et côté des Friches et des Lettres: Roobey, Gutter et Spot. Les artistes se sont partagé les zones de travail: le tramway a été réalisé par Logick et Pi80. PI80 a également aidé Lady Alezia sur sa partie ainsi que Dannyboy sur la ville futuriste. Le style de Lady Alezia est facilement reconnaissable: on retrouve généralement du bleu, une figure féminine et la notion du temps qui passe (avec une horloge souvent). Sur cette fresque elle s’est également chargée de toute la magnifique partie florale et de la partie calligraphiée (regardez la jolie lettre). Et pour cause, la calligraphie est sa seconde passion, elle se dit « calligraffeuze ». Encore une fois, coup de cœur pour son travail que je trouve souvent empreint de beaucoup de poésie.
Le fameux café a été réalisé par Gutter tandis que c’est Roobey qui s’est attelé au portrait de Salah. Pour ce qui est de l’hommage à la brasserie Terken, c’est Spot qui s’en est chargé, aidé de Roobey et PI80.
Bref chacun avait sa partie mais étant donné qu’ils se sont aidés les uns les autres, le résultat final n’est pas du tout fragmenté.

Infos pratiques et idées itinéraire

Il est très facile d’accéder à cette fresque puisqu’elle est à deux pas de la station de métro « Mercure » de Tourcoing.
Vous pouvez également y aller à vélo depuis Lille en empruntant la véloroute qui longe le canal.

Une fois que vous avez terminé d’admirer la fresque, vous pouvez vous promener le long du canal direction Roubaix, Toucoing ou Wasquehal.
L’idéal est de coupler cette visite à celle de la friche de la Tossée que ces deux collectifs ont également investie. Attention elle n’est visitable que sur visite guidée (infos pratique ici). Je l’avais suivie avec Roobey, c’était vraiment super intéressant, vous pouvez retrouver mes photos et mon avis en point 4 de cet article.

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